Lecture de Pascal Quignard suivie d’un solo de danse inédit de Yumi Fujitani.
Rassemblant les plus beaux motifs du Dernier Royaume, cycle de douze livres publiés entre 2002 et 2023, Pascal Quignard signe avec Trésor caché le roman de la méditation, de la sensibilité, des lieux et des chats, de l’apaisement. L’histoire est la suivante. Une femme perd son chat. En l’enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor.Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l’espace d’un an, sa vie est entièrement transformée.
Solo de danse inédit de Yumi Fujitani.
De 2010 à 2013, Pascal Quignard a partagé la scène avec la grande chorégraphe Carlotta Ikeda, disparue en 2014. Yumi Fujitani, qui fut l’élève de Carlotta Ikeda au Japon puis une des danseuses de la compagnie Ariadone, propose à son tour une lecture personnelle et sensible des thèmes quignardiens développés dans son dernier opus, Trésor caché.
Conception, direction Michel Schweizer Avec Alexandre Blais, Elena Lecoq, Stanley Menthor, Inès Perron, Louise Phelipon & Michel Schweizer Collaboration à la mise en scène Agnès Henry Concepteur du dispositif ludique Christian Martinez Accompagnement artistique Carole Rambaud Conception sonore Nicolas Barillot Création lumière Éric Blosse Régie générale & lumière Yvan Labasse Direction de production Emmanuelle Paoletti Administration et production Élisa Miffurc Stagiaire Lino Jaricot Vidéo Giulio Boato Visuels & photographies Maarten Ceulemans, Hélène Marx & Frédéric Desmesure Sculpture Dog #2 Maarten Ceulemans Conception graphique Franck Tallon Catering Framboise Arsicaud, La Marmite, 400g de Bonheur, Céline Peters, Juliette Poustis et Solange & Ginette
Née au Japon en 1941, Carlotta Ikeda est décédée en septembre 2014 à Bordeaux où elle vivait depuis le début des années 1990. Fidèle partenaire de celle qui fut considérée comme la star féminine du butô et de sa compagnie exclusivement féminine Ariadone, l’OARA a coproduit plusieurs de ses spectacles, dont sa version du Sacre du Printemps, Haru no Saïten, Médéa en duo avec l’écrivain Pascal Quignard, Togué avec le groupe de rock bordelais SPINA, ou encore la transmission à la danseuse Mai Ishiwata de son emblématique solo Utt lors d’une résidence au Molière-Scène d’Aquitaine en décembre 2013.
En partenariat avec le festival Faits d’hiver, un hommage est rendu à cette figure majeure de la danse contemporaine lors d’une soirée qui concrétise trois semaines de résidence à la MÉCA pendant lesquelles deux de ses anciennes interprètes, Yumi Fujitani et Naomi Mutoh, convoquent souvenirs personnels et extraits fragmentés de chorégraphies pour réactiver émotionnellement son univers. Une conférence dansée de Maëva Lamolière [chorégraphe, danseuse, et chercheuse] ouvre ce plateau partagé.
« Elle tenait dans sa main tous les âges de la vie, depuis la naissance jusqu’à la vieillesse, avec la mort en fantôme permanent derrière chaque étape. Elle les dansait les uns après les autres dans un dégradé de nuances physiques qui faisait oublier son âge véritable. Un exercice de mue à couper le souffle… »[Rosita Boisseau – Le Monde / 29 septembre 2014]
La Pesanteur et La Grâce
Chorégraphie, interprétation/ Naomi Mutoh – Costumes/ Naomi Mutoh et Kei Ito – Regard extérieur/ Gilles Baron – Création lumière/ Éric Blosse – Son et Arrangements musicaux/ Laurent Paris
Naomi Mutoh est née au Japon en 1969, elle vit et travaille en France depuis 1996. Diplômée de la Tama Art University de Tokyo, section peinture à l’huile, elle suit parallèlement une formation de danse butô à Tokyo auprès d’un des plus grands maîtres, Tetsuro Fukuhara. Elle intègre sa compagnie et danse sur les plus prestigieuses scènes d’Europe dès l’âge de 21 ans. À 23 ans, elle part pour Londres suivre la formation Laban Center. Elle crée sa première chorégraphie, Milk, pièce de butô pour trois danseuses, en 1996 au Jackson’s Lane Theatre, dont elle est aussi interprète. Contrainte de quitter l’Angleterre faute de visa, elle vient en France pour poursuivre sa carrière et rencontre Carlotta Ikeda. Elle danse ainsi pour la compagnie Ariadone tour à tour comme interprète et assistante des stages butô jusqu’à 2004.En 2007, Naomi Mutoh et Laurent Paris du groupe SPINA fondent la compagnie Medulla à Bordeaux, qui produira de nombreux spectacles et performances : Radix (2008), Les Axes de la Terre avec Jean Daive (2010), Persistance de la Mémoire (2010), Persistance (2012), Sound System (2014), Le Grand Luminaire (2016), AMA – Les Pêcheuses de Perles (2019), Nami-Ma (2021), La Pesanteur et la Grâce avec Jean Daive (2024).
Création lumière, témoignage artistique/ Éric Blosse
Chorégraphe, performeuse et pédagogue, Yumi Fujitani est née à Kobe au Japon en 1962. Elle est issue du butô. En 1985, elle danse Himé au sein de la compagnie Ariadone, dirigée par Carlotta Ikeda avec la collaboration de Ko Murobushi à la mise en scène. Puis elle effectue une longue tournée en Europe. Les années 1980 marquent l’âge d’or du butô en Europe qui se développe et quitte progressivement son image de « danse des ténèbres ». Yumi quitte la compagnie en 1995 et s’installe à Paris en 1996. Elle développe autour de cet art une réflexion personnelle et une approche singulière. Elle expérimente différentes formes d’expressions corporelles physiologiques, à travers la voix, l’art du clown et la vidéo. Désormais, elle s’interroge sur le(s) butô(s) d’aujourd’hui. Actuellement, elle danse, joue, crée et dirige artistiquement en privilégiant la relation avec les acteurs et les clowns, elle élargit sa création vers d’autres domaines, tels que le cirque, le masque, la marionnette, la lecture et la création plastique. Sa vision du monde, dans ses créations et son enseignement, est d’exister comme l’air sans aucune catégorisation, mais elle se raccroche bien à l’univers ludique, poétique, l’esprit chimérique.
» Life is Beautiful : L’odyssée envoûtante de Yumi Fujitani
Life is Beautiful, est une exploration du mouvement et de l’âme. Chaque geste et chaque respiration semblent raconter une histoire invisible et profondément intense et sans nul doute d’une sensibilité à toute épreuve. Véritable ode au corps, Yumi Fujitani incarne une présence saisissante, entre fragilité et puissance. Sa danse plonge le spectateur dans une expérience viscérale intense, où le temps semble suspendu, comme on pourrait l’être sur un fil… La scénographie minimaliste reposait sur un tas de sable, au-dessus duquel une pierre flottait accrochée à une longue corde. Dans un échange hypnotisant entre corps et matière, Yumi Fujitani a partagé la scène avec le minéral, métaphore d’une force invisible pesant sur le corps et l’esprit de la danseuse. Life is Beautiful n’était pas seulement une performance, mais aussi expérience poétique, où la danse devenait un dialogue entre le poids et la légèreté, la retenue et l’abandon. » Clément Daudet
L’ensemble des quatre films que Christophe Schaeffer, poète cinégraphique, donne à voir dans « La doublure du réel » est une fascinante rencontre d’un autre type avec le film court (lien sur l’image ci-contre). Depuis août 2022, il en a produit près d’une cinquantaine.
Un recueil de poèmes cinégraphiques* s’élabore au fil du temps, nous y découvrons un ensemble de vignettes qui pourrait sortir d’un livre de photo de Martin Paar ou de Vivian Maier. D’emblée, l’objet rencontré nous met au repos. Le regard porté par Christophe Schaeffer, comme la lumière incidente, fait surgir de la narration les mots de l’image. Des mains, des yeux, des jambes, des gens, en mouvement, le noir et le blanc, la couleur sous-jacente, la sensation que devant nous s’exposent des instants familiers. Le sujet, ce sont les autres. Christophe Schaeffer se glisse entre, dans l’intimité de l’autre. « En dupliquant le réel cela crée un autre monde » dit Clément Rosset. C’est ainsi que le processus de création de Christophe Schaeffer se met en place. Il capte, comme on le fait d’une source, ce réel toujours (p)roche. Il est un réalisateur géologue et nous plonge à sa suite dans les couches et les sous-couches du réel. En philosophe alchimiste, il compose avec la matière filmique et devient « un ordonnateur magique, un maître des cérémonies sacrées du réel » (Antonin Artaud). Sa chimie, sa lumière, césures, rythme des cadres, gros plans, univers sonore et temporalité nous embarquent avec délicatesse dans des instants de vie, des histoires communes dont nous sommes devenus acteurs. Dans les noirs de fin (le repos de la lumière) s’écrit le titre. Un poème se tient là sous nos yeux, le poème est film. Nous avons cru en reconnaître tous les mots, toutes les images, toutes les musiques, pourtant celui qui s’offre ici est unique en tout. Il nous entraîne au-delà de nous-même, dans sa proximité, pour « Arde e non luce »(Marsile Ficin).
D’après « Le Roman d’un être » de Bernard Noël – P.O.L. Entretiens avec le peintre Roman Opalka.
Adaptation pour la scène de Frédéric Leidgens assisté de Sophie Robin Création 2023
Dans un lieu qui pourrait être un atelier, ou une chambre noire, un homme et une femme se parlent. Il ne s’agit pas d’amour, mais d’art. Il ne s’agit pas de débat, mais de tentative commune, de comprendre. De ressaisir ce que le poète Bernard Noël cherchait à définir de son ami l’artiste Roman Opalka, la manière dont il « déroute la représentation ».*
En 2012, Bernard Noël publie Le Roman d’un être, série de discussions partagées avec le peintre Roman Opalka qui lui ouvrit son atelier. À l’âge de 35 ans et jusqu’à sa mort, le peintre fixe sur des toiles, des Détails comme il les appelle, ce qui ne se laisse pas fixer : le mouvement du temps. Il le fait de la manière la plus rationnelle : il commence par le nombre 1 qu’il peint en blanc sur un fond noir, puis à la suite, il enchaine tous les nombres suivants, toujours en blanc sur des fonds qui deviendront de plus en plus clairs jusqu’au blanc « absolu », jusqu’à l’ultime de ces nombres : 5.607.249 : 45 années se sont écoulées.
Au théâtre, à travers les mots de Bernard Noël qui sont aussi en partie ceux de Roman Opalka – les mots de la conversation – il est important de donner, de chercher, d’expérimenter une sorte de correspondance à cette extrême attention, celle que l’on retrouve de manière si bouleversante dans cette œuvre : celle du temps irréversible.
Sur le plateau de part et d’autre d’une table oblongue, dans l’espace et la lumière d’Éric Blosse, les deux acteurs, leurs deux voix, leurs deux corps. Projetées sur un support qui aurait – dans ses proportions – les dimensions du Détail/Opalka, des images en mouvement réalisées par Olivier Crouzel. Etienne Martinez organise un espace microphonique et sonore en écho à l’atelier du peintre.
Adaptation pour la scène : Frédéric Leidgens assisté de Sophie Robin Distribution : Frédéric Leidgens Sophie Robin Scénographie et lumière : Eric Blosse Vidéo : Olivier Crouzel Son : Etienne Martinez
Le projet musical et scénique Artefacts est directement né des nombreuses questions rendues incontournables par la pandémie et la période de crise planétaire qui lui est corrélée.
Alors que le lien de causalité est maintenant reconnu par l’ensemble de la communauté scientifique entre l’action des Hommes sur la planète et l’irruption de plus en plus fréquente d’éléments hors de contrôle tels les virus ou encore le changement climatique, comment se fait-il qu’il soit si difficile de transformer cette connaissance cruciale en actes de survie et de bon sens…?
À l’heure où les scénarios optimistes quant à notre capacité à réagir collectivement semblent hors d’atteinte, nous nous réveillons « confinés » sur une planète devenue hostile, et apparemment rendus à l’impuissance. Paradoxalement, cette situation nouvelle nous pousse à l’action afin de ne pas sombrer dans la peur ou le repli sur soi. Nous allons devoir changer quelque chose.
Notre souhait est qu’Artefacts puisse y contribuer, et grâce au pouvoir de la musique, d’imaginer et de faire résonner les sons de ces valeurs nouvelles qui pourraient nous aider à regarder de- main avec enthousiasme, confiance et envie. Un adolescent sera sur scène pour porter ces paroles et en être le catalyseur.
Afin de nous rendre sensibles à ces questions, Frédéric Bétous et La Main Harmonique convoquent, dans leur nouveau projet Artefacts, une communauté d’artistes, créateurs et compositeurs d’horizons différents, afin qu’ils interrogent notre humanité dans l’incertitude et les changements du monde contemporain.
Les musiques, qu’elles soient anciennes ou contemporaines, polyphoniques ou réduites à leur essence, empreintes du jazz ou des musiques actuelles, deviennent alors des objets aiguisant notre perception.
La Chanson est le fil rouge. Revisitée sous de multiples formes, depuis la Renaissance avec Clément Janequin, elle est le point de départ pour aller vers d’autres chansons « revisitées », ou écrites par des compositeurs d’aujourd’hui : L’arrangeur Bruno Fontaine, le compositeur et improvisateur Alexandros Markeas, le compositeur et pianiste jazz Thomas Enhco et la compositrice et percussionniste jazz Anne Paceo : de John Dowland à Moondog, d’Antony & the Johnsons aux chansons traditionnelles anciennes comme Greensleves (anonyme).
Un instrumentiste qui joue autant le théorbe que la guitare baroque et le colascione (équivalent de la guitare basse à la Renaissance) ainsi que différentes percussions se joint aux chanteurs qui auront ici un micro et de petits instruments avec lesquels ils devront composer, comme par analogie avec la situation environnementale qui nous contraint à modifier et à questionner notre manière d’être au monde.
Le spectacle sera construit autour de trois axes principaux : le passé, vers lequel il nous est impossible de revenir (et la nostalgie que celui-ci pourrait susciter), une partie centrale où tout bascule, et une fin en forme d’ouverture sur le champ des possibles.
Jo STIMBRE Gaëlle CHALTON Julien PERRAUDEAU Raphaël ALLAIN Julie LADERÄCH Élodie ROBINE Tristan AUBERT Stéphane BOTTARD À propos
Ce spectacle immersif propose une itinérance poétique dans un univers moyenâgeux et féminin, au travers d’un ensemble de 12 chansons-tableaux mêlant l’écriture poétique, les arts numériques, le chant féminin et le chant masculin, la musique électronique, l’alto, le violoncelle et la multi-diffusion sonore. Le spectateur est invité à embarquer pour un voyage onirique, spirituel et trans-temporel rendant hommage à 12 sites patrimoniaux explorés par le collectif, tant dans leur architecture que dans leur histoire immatérielle.
Le Tiers Temps est une pièce de Maylis Besserie, adaptée de son roman Le Tiers Temps (Éditions Gallimard, Goncourt du premier roman 2020). Elle retrace la fin de vie de Samuel Beckett dans une maison de retraite qui porte le même nom que le roman et la pièce.
Confiné entre quatre murs, le grand Sam, sous surveillance médicale, interroge son présent et son passé. Si la mélancolie et la colère l’asticotent, il s’administre des doses d’autodérision dignes de son immense génie littéraire.
En choisissant de mettre en scène Le Tiers Temps, Guy Lenoir invite le public à pénétrer au cœur du labyrinthe Mémoire-Miroir-Mouroir où nous entrainent Beckett, Besserie et les protagonistes du spectacle.
Laurence de la Fuente / Compagnie Pension de famille
UN SPECTACLE de Pension de Famille Adapté du roman de Véronique Ovaldé Mise en scène Laurence de la Fuente Avec Lucia Sanchez Création Festival CHAHUTS/ Bordeaux
L’HISTOIRE
Soyez imprudents les enfants est un roman initiatique : L’histoire d’une adolescente espagnole, Atanasia, une fille unique de treize ans qui s’ennuie à périr dans l’Espagne des années 80, entre un père dépressif, brisé par une trahison familiale et politique, et une mère au foyer qui tente de colmater les brèches de la tristesse de son époux en astiquant ses vitres et ses parquets. Atanasia rêve d’un prince charmant qui tarde à se manifester. Et puis Atanasia grandit, sans qu’un quelconque événement perturbe cette plaine morne du temps intermédiaire et interminable de l’adolescence. La mort de Franco ne changera rien à l’ordre des choses. La mort d’un petit ami victime d’un attentat de l’ETA non plus. Seule la découverte d’une toile lors d’une visite scolaire dans un musée, du peintre Roberto Diaz Uribe, un choc esthétique qui se transforme en obsession lui fera quitter ce nid étouffant pour Paris et l’entrainera dans une longue quête à la poursuite de ce peintre, lui permettant au passage de s’émanciper d’un destin trop attendu, et de découvrir ainsi la vérité à la fois sur cet artiste et sur ses propres origines.
NOTE D’INTENTION
« Soyez imprudents les enfants » ! Avec cette injonction faite aux plus jeunes à la liberté et à la prise de risque, au voyage, à la traversée des frontières, Véronique Ovaldé nous a donné envie d’explorer notre adolescence, et celle des autres. Cette étape décisive qui nous fait devenir ce que nous sommes, mais aussi, comment nous sommes peut-être devenu.e.s ce que nous ne voulions pas être, ou comment, nous avons malgré tout, réussi à déjouer certaines prédictions. Aujourd’hui, dans ce moment de crise, où l’appel du large semble plus difficile à envisager, et où le « Restez chez vous » devient l’injonction planétaire, il nous semble utile de réinterroger ce projet de création à l’aune de certains événements historiques et sociaux. Si l’héroïne de ce roman, Atanasia, le personnage du spectacle, évoque un exil à la fois banal et imprudent, tout en poursuivant une quête des origines, de Bilbao à Paris, au début des années 90, elle retrouve ainsi le fil d’un passé enfoui, qui finit toujours par ressurgir là on ne l’attend pas forcément. Atanasia déterre le passé familial, et découvre la tragédie de son père. Nous racontons la vie d’Atanasia à travers une performance dans laquelle nous brouillons les frontières entre ce qui est vécu et inventé, entre documentaire et fiction, pour rendre compte de cette écriture qui tient le pari d’être à la fois terriblement drôle, avec un humour féroce, tout en conservant une grande tendresse pour ses personnages. Avec sa plume lucide, à la fois enjouée et tragique, tout en racontant l’adolescence d’une jeune femme intrépide, Véronique Ovaldé jette un regard amusé sur ses contemporains. Laurence de la Fuente et Lucia Sanchez
LES THEMES, L’ADAPTATION
Dans l’adaptation, on suit Atanasia sur une période qui débute à ses treize ans pour se terminer lorsqu’elle parvient à la vingtaine, à la fin de l’adolescence. Que se passe t’il quand on a treize, ans, quatorze ans ? Quel est le rapport au corps ? Et quel est le rapport à l’école, aux parents, aux artistes, aux modèles que la société veut nous imposer ? Et puis que se déroule t’il dans ce monde en mouvement, et dans cette Espagne qui garde son roi, et ne met pas dehors son caudillo ? Lucia Sanchez, est née dans cette Espagne postfranquiste, elle a connu la peur de l’ETA, les passions post-dictatoriales et comme Atanasia, elle aussi était venue à Paris au début des années 90 avec l’envie de se définir ailleurs que dans le système qu’on lui imposait. Laurence de la Fuente, la metteure en scène, est aussi d’origine espagnole. Elle s’est aussi reconnue dans le portrait de cette adolescente obsédée par les livres cherchant à tout prix la possibilité de s’échapper de l’ennui provincial et familial. Laurence de la Fuente a imaginé un spectacle performatif pour décrire les méandres d’une émancipation à des codes et à des normes: ceux de la famille, d’une identité féminine prédéterminée par l’abnégation et la soumission, et ceux d’un modèle paternel ancré dans la mélancolie. Qui retracera comment une presque enfant construit son identité d’adulte. Et tiendra compte aussi du passage d’un pays à un autre, d’un destin programmé à un autre, et puis, d’un siècle à l’autre, du vingtième au vingt et unième. L’adaptation privilégiera ce rapport entre le temps intime et le temps social, entre deux espaces, Bilbao et Paris. Entre l’Espagne et la France. Elle ne souhaite surtout pas illustrer le roman mais bien plutôt rendre compte de l’originalité de son héroïne et de sa force d’évocation par le travail sur le plateau, le dialogue entre les mots et les images, entre son enquête et les révélations, entre les tableaux vivants et les récits vécus. Atanasia éclot peu à peu, vivant ses expériences de jeune adulte dans ce qui pourrait
ressembler à un spectacle d’apprentissage. Avec l’artiste Anne Moirier, dont le travail réside dans le fait de détourner nos environnements quotidiens, la mise en scène fait le pari d’une installation comprenant des éléments de mobilier, six chaises, et une table, qui se reconfigurent à chaque séquence, et permettent de figurer de manière abstraite et concrète des extérieurs comme des intérieurs (rues, salon, cuisine…) en évitant ainsi tout naturalisme.
UN MONOLOGUE EN COMPAGNIE D’AMATEURS
Dans ce spectacle, nous invitons sur scène des personnes d’origine basque ou espagnole, afin de mêler individu et collectif, de proposer ainsi des contrepoints à cette émancipation individuelle, et ainsi enchâsser sur le plateau, une histoire individuelle et une époque, de mélanger fiction et réel. Lors des résidences avec le réalisateur sonore, nous avons enregistré les témoignages, récits, mais aussi d’autres voix : celle de la mère d’Atanasia, de son père, de l’universitaire russe qui guide Atanasia vers le peintre Diaz Uribe. C’est aussi le chamboulement grâce à l’art, le sens de l’amitié ou la beauté de l’intelligence en action qui sont questionnés lors de cette création. Riches de notre travail en documentaire et avec différents publics amateurs, nous élaborons à chaque représentation une forme dramaturgique qui puise dans le vécu de personnes, des amateurs d’âge et de profils différents présents lors des représentations, ou enregistrés sur place. Il peut s’agir de chanteurs/ses basques, de témoignages ainsi que des questionnements adolescents. La présence d’amateurs permet de faire advenir de façon extrêmement concrète, l’imaginaire politique et poétique. Soyez imprudents! est aussi une histoire d’exil et de retour aux origines nécessaire pour mieux se construire, et prendre son envol.
Comment une société peut-elle vraiment se modifier en masquant ainsi son passé, et comment une adolescente peut se construire, sans explorer les secrets de famille ? PRESENTATION DE L’ÉQUIPE ARTISTIQUE Lucia Sanchez est réalisatrice et comédienne, Laurence de la Fuente, metteuse en scène et autrice, leurs chemins se sont croisés à de nombreuses reprises. Depuis longtemps, elles cherchaient un texte qui puisse allier leur goût pour le documentaire et les formes performatives pour le plateau, à leur prédilection pour les écritures contemporaines ludiques. Elles ont eu un coup de foudre pour l’héroïne d’un roman de Véronique Ovaldé : « Soyez imprudents les enfants ». Elles ont pensé à leurs propres parcours en découvrant cette jeune Atanasia, fille de la classe moyenne qui s’ennuie à périr dans l’Espagne des années 80, au point d’avoir l’impression que ce texte leur était adressé. LAURENCE DE LA FUENTE Elle a adapté et mis en scène pour le plateau des textes d’Alban Lefranc, Laurent Mauvignier, Antonio Lobo Antunes, et ses propres textes. Elle a terminé récemment au Chalet Mauriac, un récit mettant en jeu diverses adresses, personnelles et fictives…. Elle a publié, en collaboration avec Françoise Valéry, Echanges giratoires aux éditions N’a qu’un œil, ainsi que Les Performances éthologiques de Font en collaboration avec le plasticien Bruno Lahontâa, aux éditions de l’Attente. Elle a publié dans diverses revues : Espace(s) Frictions, D-Fictions…Elle s’installe fréquemment en résidence dans différents espaces publics et anime, en écho à ses propres textes, des ateliers d’écriture, et des spectacles intégrant des amateurs aux professionnels (festival Chahuts). Elle travaille souvent avec des publics amateurs notamment en situation de handicap, et réalise avec eux des fictions cinématographiques. LUCIA SANCHEZ Elle a joué au théâtre des textes d’auteurs contemporains avec Patrice Douchet, Michel Dydim, Renaud Cojo et Laurence de la Fuente. Elle joue aussi à la télévision et au cinéma avec François Ozon, Delphine Gleize, Valerie Donzelli ou Yves Caumon. Parallèlement à son travail d’interprète, elle réalise des documentaires, des films ou elle aborde sur un ton décalé des sujets de société qui la tiennent à cœur. Son travail a été primé à plusieurs reprises et diffusé à la télévision. Ensemble, Laurence de la Fuente et Lucia Sanchez ont créé Ludidrama, spectacle créé au Carré/Les Colonnes. Elles ont aussi été en résidence à la Maison Maria Casarès pour Les Actrices, spectacle créé au Glob théâtre à Bordeaux.
VERONIQUE OVALDE Véronique Ovaldé a publié neuf romans dont Et mon cœur transparent (prix FranceCulture-Télérama), Ce que je sais de Véra Candida (prix Renaudot des lycéens 2009, prix France télévisions, et Grand prix des lectrices de ELLE, Des vies d’oiseaux, La grâce des brigands, à l’Olivier Soyez imprudents les enfants. Elle a également publié des livres illustrés parmi lesquelles (La petite zibeline, (Bourse Goncourt du livre jeunesse, actes sud Junior, Paloma et le vaste monde, A cause de la vie, avec Joann Sfarr. ANNE MOIRIER Artiste plasticienne, Co-habitante de la Fabrique Pola. A étudié de 2003 à 2007 à l’École des Beaux-Arts de Rennes FR, de 2005 à 2006 au département sculpture – art public de la Faculté des Beaux-Arts de València ES et de 2009 à 2011 à l’Institut Art in context à Berlin DE. Dans des lieux de la vie quotidienne, d’entreprises, d’administrations, d’associations, de lieux culturels, d’institutions, dans des espaces publics ou à domicile, elle crée des performances et des installations avec les personnes qui les fréquentent et les habitent, à partir de l’environnement existant. MANUEL COURSIN Manuel Coursin est régisseur et réalisateur sonore. Depuis 1985, il accompagne des projets de danse contemporaine, de théâtre et d’autres projets éphémères et sonores comme radio et installations. Il cumule parfois la présence scénique et le travail sonore : par exemple dans les pièces d’Alain Michard, de Marco Berrettini de Sylvain Prunenec, de Fanny de Chaillé, et de Mathieu ma fille Fondation. ERIC BLOSSE Eric Blosse est créateur lumière pour la danse, le théâtre, les installations, la musique contemporaine, l’opéra, les performances et événements tout en essayant d’interpréter ces mots de Marcile Ficin « Arde, e non luce ». Il accompagne de nombreuses compagnies : Ariadone, Collectif A.A.O., Collectif Crypsum, Collectif je suis noir de monde, Eclats, La Coma, Les Etonnistes, La Main Harmonique, MC2A, Ouvre le Chien, Paul les Oiseaux, Rhizome, Sandrine Anglade, Sylex… Son travail a été vu régulièrement à l’Opéra National de Bordeaux, et notamment pour les opéras Tamerlano de Haendel ou Le Balcon de Peter Eötvös et plus récemment Low Heroes de Renaud Cojo, créé à la Philharmonie,
En coréalisation avec l’OARA, Office Artistique de la Région Nouvelle Aquitaine
Que laisse-t-on de soi lorsqu’on quitte un appartement, un lieu familier où l’on a vécu une partie de sa vie ? Quelles traces, quelles ondes, quels frémissements ? Qu’a-t-on envie d’emporter, de laisser, de raconter ? Comment vit-on quand les appartements voisins se vident ? A quoi ressemble le quotidien ? Comment résonne-t-il entre les murs ? Et au dehors ?
Nous avons proposé à quatre artistes, une créatrice sonore Aline Chambras, un créateur lumièreEric Blosse, une photographe Claire Lafargue ainsi qu’à un architecte paysagiste Samuel Enjolras, et à un collectif d’habitants du quartier, de répondre à ces questions. Le point de départ pour la création de l’installation j’habite ici et je vous vois de ma fenêtre…
Un immeuble, comme un personnage. Un immeuble, dont la fin est proche, sa démolition étant programmée dans les prochains mois. Nous recueillerons le bruit, la lumière, ce qui se laisse entrevoir des fenêtres, des balcons. Nous écouterons la respiration et toutes ces «petites histoires» qui font la vie d’un immeuble.
Et alors nous pourrons raconter des histoires, d’un balcon à l’autre, un voyage sonore mis en lumière, une immersion sensible entre documentaire et fiction, dans l’intimité des appartements vides, avant la démolition. Au n°4 et au n°6 rue Louis Pergaud, alors que les locataires auront quitté les 18 appartements, et avant la démolition, nous inviterons le public à une installation sonore, lumineuse et végétale. A la tombée de la nuit, l’immeuble se réveillera, dans un dernier sursaut, un dernier souffle.
j’habite ici et je vous vois de ma fenêtre… est un dispositif artistique qui n’a pu exister sans une médiation forte inhérente au projet, et ce, de sa construction à son aboutissement.
Cette installation a été présentée au public le 25 et 26 mars 2022.
Équipe
Sophie Robin – coordination artistique Clémence Poujol, Marie Lavergne / C’est Carré – ingénierie et médiation artistique Aline Chambras – créatrice sonore Eric Blosse – créateur lumière, scénographe Samuel Enjolras – architecte paysagiste, scénographe
est à l’Escale du livre de Bordeaux. La diffusion de la lecture par l’acteur Bernard Blancan d’extraits de cet ouvrage, prix Goncourt du premier roman 2020, a eu lieu le 27 mars 2021 en direct du site de l’Escale du livre. Et il y avait : Zola Ntondo au piano, Eric Blosse aux lumières et Guy Lenoir à la mise en scène.
Cet ouvrage, il faut le rappeler, retrace la vie de l’écrivain Samuel Beckett au Tiers temps, résidence où l’écrivain a réellement passé ses derniers instants.
La nécessité de ce nouveau projet se nourrit des analyses et des constats que porte le philosophe Dominique Quessada sur les mutations qui touchent notre relation à l’autre et l’ambivalence de notre situation contemporaine : constater l’évidence grandissante de notre séparation avec l’autre et l’urgente nécessité d’admettre que nous sommes inséparés. La globalisation et l’interconnexion des phénomènes économiques sont les témoins les plus probants de ce régime d’interdépendance et d’interrelation généralisée dans lequel nous évoluons.
BÔPEUPL sera la réunion de présences augmentées, sujets qui pourraient se définir par une posture sociale singulière, associée à un savoir-faire lié aux champs disciplinaires relevant du domaine de l’art et d’une maturité nourrie d’une somme d’expériences partageables…
Il s’agira d’une communauté de nouveaux ignorants, en capacité de dresser l’inventaire de ce qui s’est perdu et de spéculer collectivement sur les mutations à venir… Je situe les ignorants parmi ceux qui se tiennent à une marge et trouvent des ressources en adoptant une occupation de vie et une relation au monde qui les gardent au plus près de leur véritable nature.
Michel Schweizer – octobre 2019
Avec Aliénor Bartelmé, Patrick Bedel, Marco Berrettini, Jérôme Chaudière, Frank Micheletti, Frédéric Tavernini.
Avec la collaboration du philosophe Dominique Quessada Lecture des textes Pascal Quéneau
Collaboration artistique Cécile Broqua Scénographie Éric Blosse et Michel Schweizer Travail vocal et musical Dalila Khatir Photographie Ludovic Alussi, Frédéric Desmesure, Antoine Herscher Création vidéo Manuelle Blanc Création lumière Éric Blosse Conception sonore Nicolas Barillot Régie générale et suivi de la construction décor Jeff Yvenou Construction décor Michel Petit Accompagnants Johann Daunoy, Justine Olivereau, Gwendal Wolf
C’est une invitation au voyage à la fois sonore, grâce à la création musicale de Baloo Productions (entre électro, soul et classique) et à la réflexion par les écrits de Timothée de Fombelle de ce que l’on connaît de soi et ce qu’il nous reste à découvrir.
Ce nouveau spectacle, basé sur l’autoportrait et l’autobiographie, questionne l’identité, la relation au temps et à autrui. Il nous parle de ce que l’on invente de l’autre et de ce qu’il nous reste lorsqu’il n’est plus. Grâce à un dispositif de caméras embarquées et la projection en direct de ce qu’elles filment on découvre les danseurs sous des angles qui nous étaient inconnus. Ce duo qui délivrent leurs mouvements avec douceur et poésie. On les suit à la recherche de souvenirs, multipliant les preuves de leurs existences.
Une mise en orbite hors du temps comme flottant dans l’Univers.
« Entre 2012 et 2014, j’ai mené deux années »de terrain » en usine, auprès d’ouvriers ». Sylvie Balestra répondait ainsi à la commande du Pôle Culturel Fumélois en Lot-et-Garonne (47), pour une création artistique autour du travail. Le contexte a rendu ce projet très intense: plusieurs entreprises étaient menacées de fermeture pour raison économique, l’amiante, de son côté y causait bien des dommageshumains. L’usine de Métallurgie – symbole de la ville – comptait alors 138 ouvriers et seulement 38 à lafin du projet.Du dialogue établi avec ces hommes et femmes qui ont donné leurs corps à leurs entreprises, de leurs témoignages, de cette imprégnation, est née une partition vivante, PIÈCE ÉBAUCHÉE. Sylvie Balestra a choisi que ce spectacle soit dansé dans des usines encore en activité : la création s’est déroulée dans la briqueterie TELLUS CERAM à Monsempron-libos en Mai 2014.D’autres projets et commandes l’ont amené à être au plus près de travailleurs : infirmières, agents communaux et même des sportifs professionnels. Sylvie Balestraa décidé de réactiver ces archives, collectages, vidéos et sons pour constituer une conférence dansée.
Durant l’été 2020, Sylvie Balestra est retournée échanger avec les anciens ouvriers et ouvrières en métallurgie, pour les filmer chez eux, sans leurs outils et lieux de travail, l’usine étant fermée et en partie détruite. Ces vidéos et entretiens avec ces personnes puisant dans leur mémoire du geste, viennent alimenter la partition dansée de la conférence et la future encyclopédie du geste ouvrier numérique.
Le patrimoine matériel peut être sauvegardé : machines, outils et bâtis sont une partie de la culture ouvrière. L’engagement des corps de ces hommes et femmes et leurs savoir-faire sont tout aussi précieux. La dimension anthropologique de ma démarche me semble être un véritable outil pour entreprendre une réflexion sensible sur le geste au travail.
Dans cette conférence dansée, Sylvie Balestra prend la parole pour s’adresser directement au public et évoquer sa démarche artistique : comment elle fabrique des spectacles à partir de cette dimension anthropologique. À travers ses projets de terrain elle a rencontré de nombreux corps de métiers: métallos, infirmières, agents communaux, sportifs. Durant une heure, elle met en lien ces corps engagés dans le travail mêlant ainsi prisme intime et processus de création.
Cette conférence vient interroger sur ce qu’il y a de commun entre nous tous.
La partition chorégraphique
La conférence est conçue comme une danse où pensées et mouvements, gestes et écritures sont liés. Des moments sans paroles rythment cette conférence avec un répertoire de gestes dansé dans moins d’un mètre carré, avec des danses »rituelles » inventées pour activer nos mémoires du travail préindustriel jusqu’à maintenant.
« Des danses Bauhaus et Mary Wigman me sont apparues durant le travail d’écriture. Cette période historique, qui date du début du siècle dernier, correspond à la montée en puissance de l’industrie qui façonnait les imaginaires. Rudolf Laban était aussi le professeur de Mary Wigman. Il avait commencé son travail de notation en usine. Ce sont des évocations que je porte en moi lors de ces moments dansés, mais il n’y a évidemment pas besoin de connaître ces références. »
Partition musicale
Pour cette première conférence, deux musiques ont été choisies : Final de Joëlle Léandre et Mamtram de Giacinto Scelsi interprétée par Joëlle Léandre. Ces deux pièces sont jouées à la contrebasse : un instrument frotté, dont nous pouvons entendre le geste de la musicienne à travers le son. Ces musiques pourront être variées selon le contexte et les ré-adaptations nécessaires à la conférence.
Description scénographique :
La scénographie émerge durant le temps de conférence et compose un paysage au plateau: écritures à la craie blanche sur le sol, projections de vidéos d’ouvriers au travail, témoignages sonores, objets disparates (gants, brique crue, sceau, boulon…).Au fur et à mesure, la pensée gigogne de l’artiste prend forme en une sorte de musée habité par des objets de travail. A la fin de la conférence les spectateurs sont invités à déambuler dans cet espace et ainsi poursuivre les échanges.
Partition textuelle : Le texte a été écrit par Sylvie Balestra. Elle le livre dans une adresse directe et s’y réfère pour des retranscriptions de textes collectés, des définitions ou des synthèses.
EXTRAITS DU TEXTE DE LA CONFÉRENCE
« Je ne fais pas des spectacles hommages, je rends compte de savoirs- faire, des savoir-faire qui nous ne voyons plus parce que justement ils sont quotidiens et automatiques. Nous oublions la valeur de nos savoir-faire.
Moi, en tant que chorégraphe, ce qui m’intéresse bien sûr c’est que ces savoirs- faire et ces rituels que nous avons tous, passent bien souvent par le corps. C’est le corps qui va être le support, qui va permettre.»
[…]
« Qu’est ce que vient faire la danse dans tout ça? dans mon métier, le corps est l’outil premier, il est toujours envisagé d’une manière très »honorable », »gracieuse ». mon corps est plus que ce vous voyez là en face de vous mon corps mon corps c’est moi et tous mes sens. Si je n’avais fait qu’apprendre des mouvements, copier, imiter, je me serai d’abord ennuyée et je ne serais jamais vraiment rentrée dans la danse.
Je me suis rendue compte en interrogeant les personnes au travail, qu’elles utilisaient plus que leur main qui sont des outils, que leurs cuisses, que leurs bras, que leurs abdos et leur dos qui sont des forces motrices mais qu’elles utilisent tous leur sens. Qu’un travail ça se fait à l’oreille, à la vibration, à la perception, à l’instinct. Au fait d’être relié à son corps et de connaître parfaitement son environnement et connaître son travail par tous les sens.
Certains travailleurs m’ont parlé de danse, d’une sorte de danse, je savais que je pouvais partager ça avec eux et eux savait qu’ils pouvaient me dire ça à moi.
Être pleinement investi avec tout son corps dans un mouvement cela permet une vraie efficacité, rythmique, physique, quelque chose de fluide et une sorte de grâce. » […]
« Dans de nombreuses cultures, il y a des danses par métier, par caste : danses de cordonniers, de bûcherons, de forgerons. Elle sont encore très actives aujourd’hui sur le tout le continent africain. Sur le continent européen on connaît les danses de travaux agricoles. Des travailleurs et travailleuses qui rythmaient leurs taches par des chants et les gestes associés pour moissonner, pour semer, en piétinant, en tassant les sols.
Par exemple en Bretagne, il y avait des danses spécifique pour ramasser les pommes de terre et de betteraves. »
ÉQUIPE
Sylvie BALESTRA, conceptrice – Pierre Michael FAURE, assistant – Eric BLOSSE, créateur lumière – Nicolas Godin, captation sonore – Nicolas Adell, suivi anthropologique du projet – Vanessa VALLEE, accompagnement et